Alors que la Cour des comptes doit, à la demande du Premier ministre, remettre son rapport sur la situation financière du système de retraite le 19 février, dans sa lettre de mission adressée à Pierre Moscovici, Premier président de l’institution, François Bayrou persiste et signe.
Il demande un diagnostic financier portant sur l’ensemble du système, considéré comme un tout, englobant les régimes de base et complémentaires des salariés du privé et des non-salariés, ainsi que le système de retraite des agents publics.
Pour cet ensemble privé et public mêlé, et gravement en déficit selon le Premier ministre, l’État doit, toujours selon François Bayrou, emprunter 40 à 45 milliards d’euros par an pour rééquilibrer l’ensemble.
Ce chiffre, très critiqué, a déjà amené FO à rappeler qu’il n’était pas question que le privé finance les retraites de l’État, et que c’est le devoir de ce dernier de financer les pensions des agents publics. Si le gouvernement continue de vouloir lier les retraites du public et du privé, ce sera sans nous, a d’ailleurs averti Frédéric Souillot, le secrétaire général de FO.
Le projet avorté de réforme de retraite à points, système dont François Bayrou est un ardent partisan, relevait de cette philosophie du mélange. Une vision extrêmement dangereuse, qui avait conduit FO à combattre ce projet en 2019-2020.
Par ailleurs, dans un système à points, exit la solidarité intergénérationnelle inhérente au système par répartition. La logique à points fait aussi disparaître les droits à pension calculés sur les trimestres et les meilleures années de la carrière. Il n’y a plus de montant garanti de la pension. Le système dépend à la fois du nombre de points acquis et de la valeur de service du point (la valeur de revente du point, pour une transformation en pension).
La réforme prévoyait que la valeur de ce point de service soit définie au niveau de l’État et en fonction de paramètres économiques. Dans un tel système, les pensions pourraient donc varier et se réduire au minimum. Et cela ouvrirait grand les portes à la contrainte d’une épargne individuelle… Pour ceux qui en ont les moyens.
Pour FO, faire reposer les retraites sur la capitalisation, c’est non!
La piste d’un système de retraite par capitalisation ressurgit d’ailleurs actuellement. Arguant d’un déficit des régimes et visant toujours plus une baisse du coût du travail, le patronat ― notamment le Medef et la CPME ― pousse en ce sens et l’a fait savoir au Premier ministre.
Ce débat sur la capitalisation risque de revenir dans les prochaines discussions, s’inquiète Michel Beaugas, secrétaire confédéral FO chargé de l’emploi et des retraites. Il rappelle l’opposition totale de FO à cette notion, qui rompt avec l’égalité financière et sociale propre au système par répartition.